Marcel Gromaire
Noyelles sur Sambre 1892 – Paris 1971
Peintre et décorateur français, Marcel Gromaire s’est formé aux académies libres de Montmartre. Dès le début, son œuvre trouve sa source dans une iconographie fondée sur la figuration, et ses premières toiles montrent qu’il est déjà en possession de l’essentiel de son style et de son répertoire. L’emploi de la perspective traditionnelle ainsi qu’une certaine minutie dans l’exécution sont les fondements picturaux de ce travail. Les toiles de 1920-1930 demeurent à l’écart de la révolution cubiste ou abstraite : le peintre poursuit sa recherche d’une figuration qui se veut détachée des modèles du passé. Sombre et austère, sa gamme chromatique reste limitée à quelques couleurs terreuses, même si elle s’éclaircit parfois en de larges touches rouges ou bleues. Gromaire, qui s’est tenu en marge de toutes les écoles, restera toujours fidèle à un certain naturalisme, et son répertoire thématique en est un témoignage frappant (nus, paysans, pêcheurs, joueurs de cartes, soldats, paysages).
Après 1937, le peintre s’intéresse à la tapisserie et revendique pour celle-ci une expression qui lui soit propre. Il va alors créer des œuvres monumentales avec des moyens plastiques extrêmement simples et efficaces : un des principaux objectifs de la réforme que Gromaire entreprend aux Gobelins est de lutter contre l’emploi de teintes en grand nombre et de s’en tenir à un registre limité. Depuis le voyage qu’il a fait en Amérique (1950), ses tableaux dénotent une évolution. Les couleurs sont plus vives, l’architecture des corps plus souple, plus nuancée, malgré la permanence d’un dessin ferme et rigoureux. Gromaire est aussi un excellent dessinateur et un illustrateur remarquable. Parmi les peintres de la seconde génération du XXe siècle, l’artiste apparaît comme un des plus puissants et des plus fidèles à la tradition de l’art pictural européen.
Texte de Charles Sala, professeur d’histoire de l’art à l’université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense.
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