Description
Édouard Manet
Paris 1832 † 1883
Le pont de l’Europe et la rue de Saint-Pétersbourg
1872
Mine de plomb
182 x 243 mm.
Description détaillée | État de conservation
Croquis pour Le chemin de fer (1872-1873, Washington, National Gallery of Art).
Double page de carnet, papier vélin (double page au recto et verso de la page de gauche)
Recto : Le pont de l’Europe – Verso : La rue de Saint-Pétersbourg
Rouart et Wildenstein, tome II, dessin n° 321
Pli vertical médian, de la double page provenant du carnet, renforcé et quelques infimes déchirures habilement restaurées avec de la pâte à papier
Provenance
– Collection de Madame Veuve Édouard Manet (succession de l’artiste).
– Collection Auguste Pellerin (Vendu par Madame Manet vers 1899 – voir la lettre d’Antonin Proust à Madame Manet datée du 14 février 1899, Archives Tabarant, Pierpont Morgan Library, New York, reproduite dans le catalogue de la vente Pellerin, 10 juin 1954, ‘Album n° 1’).
– Vente anonyme [Pellerin], Paris, Hôtel Drouot, 7 mai 1926, lot n° 62. Achat de Maurice Le Garrec.
– Collection Le Garrec.
Expositions
– Édouard Manet – Dessins, aquarelles, eaux-fortes et lithographies. Paris, Edmond Sagot, 7-19 avril 1930, n° 6.
– Édouard Manet – Dessins, aquarelles, eaux-fortes, lithographies et correspondances. Paris, Huguette Berès, juin 1978, n° 12.
– Manet. Martigny, Fondation Pierre Gianadda, 5 juin-11 novembre 1996, n° 40.
– Manet – Monet – La gare Saint Lazare. Paris, musée d’Orsay, 9 février-17 mai 1998, Washington, National Gallery of Art, 14 juin-20 septembre 1998, n° 20.
– Manet. Rome, Complesso del Vittoriano, 8 octobre 2005-5 février 2006, n° 94.
Commentaires
Manet était un observateur sensible de la vie moderne parisienne et des innovations de son époque, en l’occurrence dans le domaine de l’urbanisme industriel et des transports. Il a toujours vécu dans le quartier de l’Europe ou à sa périphérie et connaissait par cœur ce quartier en pleine effervescence. Antonin Proust disait de Manet : « l’œil jouait un si grand rôle que Paris n’a jamais connu de flâneur semblable à lui et de flâneur flânant plus utilement ». Comme en témoignent ses amis, Manet avait toujours un carnet sur lui et dessinait des croquis de tout ce qu’il observait et qui pouvait être utilisé dans la composition de ses tableaux. Manet prit ces croquis depuis le jardin qui surplombait les voies, derrière le 58 rue de Rome où son ami Alphonse Hirsch avait son atelier. Dans le tableau du Chemin de fer, derrière les barreaux de la grille noire, et malgré l’épaisse fumée des trains, on reconnaît plusieurs éléments esquissés dans ces croquis et qui forment l’arrière-plan de la toile. Sur ces pages de croquis, on retrouve le pont de l’Europe avec sa structure métallique et un de ses piliers, avec la vue d’un cocher et la tête de son cheval (il y avait une station de fiacres au bas de la rue de Saint-Pétersbourg), une cabane et un réverbère et au bas du pilier un poste d’aiguillage et deux aiguilleurs sur les voies. Au fond sont indiquées les façades d’immeuble de la rue de Saint-Pétersbourg qui se prolongent, surtout au verso de la page de gauche, jusqu’à la porte d’entrée du 2 rue de Saint-Pétersbourg (voir l’angle supérieur gauche de la toile), mais sans arriver jusqu’au n° 4, où se situait l’atelier du peintre, tel qu’on le voit dans le tableau du Chemin de fer. Dans le tableau présenté au Salon de 1874, comme dans ces pages de croquis saisis sur le vif, Manet nous révèle ce qui peut désormais être considéré comme un hommage de l’artiste à son nouvel atelier dans un Paris moderne et tourné vers l’avenir.
Bibliographie
– Paul Jamot et Georges Wildenstein, Manet – Catalogue critique, Paris, Les Beaux-Arts, 1932, tome I, p. 146, n° 231.
– Robert Rey, Choix de soixante-quatre dessins de Édouard Manet, Paris – New York, Braun, 1932, p. 37.
– Adolphe Tabarant, Manet et ses œuvres, Paris, Gallimard, 1947, p. 222.
– Alain de Leiris, The drawings of Edouard Manet, Berkeley & Los Angeles, University of California Press, 1969, p. 119, n° 336.
– Denis Rouart et Daniel Wildenstein, Édouard Manet – Catalogue raisonné, Lausanne – Paris, La bibliothèque des arts, 1975, tome II – Aquarelles et dessins, pp. 124-125, n° 321.
– Juliet Wilson-Bareau, Catalogue de l’exposition Édouard Manet – Dessins, aquarelles, eaux-fortes, lithographies et correspondances. Paris, Huguette Berès, 1978, p. 11, n° 12.
– Harry Rand, Manet’s contemplation at the Gare Saint-Lazare, Berkeley & Los Angeles, University of California Press, 1987, page 110 fig. 33, p. 112.
– Juliet Wilson-Bareau, Manet by himself – Manet par lui-même, London, Macdonald & Co, Paris, Éditions Atlas, 1991, p. 204, n° 154.
– Ronald Pickvance, Catalogue de l’exposition Manet. Martigny, Fondation Pierre Gianadda, 1996, pp. 98, 189 et 229, n° 40.
– Juliet Wilson-Bareau, Manet – Monet – La gare Saint Lazare. Paris, Réunion des Musées Nationaux, Washington, Board of Trustees, National Gallery of Art, Yale University Press, pp. 41-63, fig. 50, pp. 57, 195, n° 20.
– Manuela B. Mena Marqués, Manet en el Prado, Madrid, Museo Nacional del Prado, 2003, p. 291, fig. 135.
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