Joie - écarts

Auguste Rodin

Joie – écarts

Œuvre à retrouver dans le cadre de l’exposition Hommage à Jean-Claude Romand, dès le 17 juin 2016.

Description

Auguste Rodin

Paris 1840 † Meudon 1917

Joie – écarts

Femme couchée, jambes écartées

Vers 1900

Graphite et estompe

313 x 210 mm.

Description détaillée | État de conservation

Annotation au graphite en bas à gauche : « Joie écarts »

Cachet Rodin encré en violet (Lugt 2142) au recto en bas à droite

Pli d’onglet au bord gauche

Provenance

Collection Le Garrec (Achat en 1925).

Un certificat de Madame Christina Buley-Uribe sera remis à l’acquéreur. L’œuvre sera incluse dans le Catalogue raisonné des dessins et peintures d’Auguste Rodin (1840-1917), en préparation, sous la référence : CRD n° 160701.

Commentaires

Dessiner des femmes nues pour Rodin ne signifie pas seulement explorer l’univers de la forme humaine à la recherche d’une révélation qu’il appelle « nature », mais aussi explorer un territoire plus ambigu, l’érotisme.

Dès les années 1890, Rodin exige de ses modèles d’évoluer devant lui en liberté, sans prendre des poses conventionnelles. Ce naturel des gestes et des attitudes est, dans son vocabulaire, la condition d’une œuvre vraie. « Quelquefois, chez un modèle, on ne croit rien trouver », confie-t-il à Henri Dujardin-Beaumetz en 1913, « et puis, tout à coup, un peu de nature se montre, une bande de chair apparaît et ce lambeau de vérité donne la vérité toute entière, et permet de s’élever d’un bond jusqu’au principe absolu des choses. ». Pour dévoiler cette vérité, seule condition de l’expressivité artistique, Rodin cherche à fixer la plus grande variété d’attitudes possibles et pousse ses modèles aux limites de leurs capacités physiques. Il affectionnera d’ailleurs, vers la fin de sa vie, les danseuses et les acrobates.

En extension ou lové sur lui-même, les muscles contractés ou au repos, le corps nu est exploré tous azimuts – l’artiste adoptant lui-même des points de vue différents. Dans cette recherche incessante, le sexe devient souvent le pivot central d’un corps invariablement écartelé, à l’instar de ses sculptures de Baigneuse accroupie ou de sa transgressive Iris sans tête qui exhibe son sexe. La présence confiante du modèle qui s’abandonne au regard de l’artiste donne au dessin un caractère souvent intime, sous l’impulsion du trait. Le crayon graphite, l’estompe et la gomme servent un dessin « instantané », retravaillé ensuite avec attention.

Cette Femme allongée sur le dos au sexe détaillé minutieusement en est un exemple magnifique. Rodin a laissé en évidence les marques du processus créatif, comme s’il fallait garder le souvenir des circonstances dans lesquelles il a été fait dans l’atelier, ce qui renforce encore la sensation d’urgence dans l’exécution, avec ce repentir de la jambe tenue en l’air à laquelle s’agrippe le modèle, et la pliure du bord gauche de la feuille, qui coupe brutalement la cuisse. Rodin parfois découpait et déchirait délibérément ses dessins. Le visage à peine esquissé laisse deviner une expression d’extase : les yeux clos, les narines dilatées, la bouche entr’ouverte. C’est ce qu’explique l’inscription en bas de la feuille, Joie – écarts, notée dans le même élan.

Le dessin s’inscrit dans une petite série de croquis conservés au musée Rodin (D. 5998, 5999, 5991, 5993). C’est une des très rares feuilles érotiques de Rodin à être conservée dans une collection particulière. Passés directement des cartons à dessins du vieux maître aux tiroirs du musée Rodin, fort peu de dessins, en effet, ont quitté le domaine très privé de ce qu’il appelait son « musée secret ».

Christina Buley-Uribe, juin 2016

Prix sur demande

Informations complémentaires

Artiste

Auguste Rodin

Titre

Joie – écarts

Date

Technique

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Support | Papier

Hauteur de l'oeuvre (mm)

313

Largeur de l'oeuvre (mm)

210

Orientation

Référence bibliographique

Lugt 2142

Chromie

Thématique

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